mercredi 28 mai 2008

Sacre du Tempo vu par Charles Camara


Le sacre du talent, tout simplement. L’écriture d’Irène Tassembédo explose sur scène, une chorégraphie harmonieuse des tons, des couleurs et des sonorités. La danse est d’abord musique avant d’être tempo. Le sacre du tempo consacre l’orchestre traditionnel (balafon, djembé…) et la musique s’exprime en salves spontanées, aussi exhubérante que la cadence de la danse, danse des corps au clair de lune, éclairs d’Afrique, éclaircies d’ailleurs.
En ouverture, une symphonie pastorale, autour d’un objet tutélaire (trône ? masque ? banc ?). Hommes et femmes se réveillent à l’étrangeté d’un monde profane et balaient dans un bel ensemble les angoisses de la nuit. Soudain le quotidien bascule dans le sacré, le tragique, comme un long écho de crécelles agite les consciences désespérées. Réveil brutal, le spectre de la faim, la faim des âmes, le cri de désespoir de l’humanité dénudée, asservie, mais l’espoir demeure. Croire au destin, invoquer la puissance incantatrice de la magie sous les traits d’une prêtresse de Vishnou et le tempo reprend de sa vigueur et vient nous sauver de la déperdition.
Irène Tassembédo a réussi le pari de nous plonger dans l’universel sans quitter ses racines africaines. Ses danseurs nous incitent à découvrir la vitalité d’un art majeur fait de précision et de cohésion.
Le Sacre du Tempo est une pièce maîtresse nourrie d’une inspiration féconde et de l’expérience confirmée d’une compagnie qui fait honneur à la danse contemporaine.

Charles Camara

Irène Tassembédo

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