vendredi 19 juin 2009

La dernière soirée - vendredi 12 juin

« Ma part de l’autre » Cie Nyanga Zam (Belgique)

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Quand esthétique rime avec quête philosophique, comme une toile de maître qui s’anime sous nos yeux émerveillés, « Ma part de l’autre » nous ouvre les portes du double je.

Une chorégraphie admirable de précision et de poésie, avec un étrange parfum de sensualité. Deux interprètes complices jusqu’au mimétisme évoluent dans un décor de maison de poupées. Musique classique et chants grégaires, entrelacs de corps tracés au pinceau, ambiance or et pourpre, pour une performance qui se joue des différences. « Ma part de l’autre » a été primée cette année au festival de danse de Sarajevo.

Charles Camara

« Point(s) d’interrogation », Cie Diagn’art (Sénégal)

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« Point d’interrogation » démontre le talent consacré d’un jeune artiste décidé à sortir des sentiers battus. Alioune Diagne, impressionnant comme toujours, entretient avec la scène un contrat de confiance. Masque nègre incarné, le danseur saint-louisien apporte sa marque personnelle à l’univers de la danse par sa stature et par sa créativité. Maître de l’improvisation, l’artiste n’arrête pas de s’inventer des personnages. Tour à tour drôle, grave ou profondément mystérieux, Alioune est un virtuose qui s’amuse.

Avec insolence, dans « Point d’interrogation », il étale la gamme de son talent, pour renverser les perspectives. Torse nu, le danseur joue aux claquettes. Autour d’une paire de sandales, Alioune Diagne se métamorphose à l’envi, en points d’interrogations.

Charles Camara

vendredi 12 juin 2009

La troisième soirée - jeudi 11 juin

« Espace vide, moi seule… » Cie Nadia (Côte d’Ivoire)

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Nadia, à elle seule, est un personnage. L’ivoirienne au look viril est une force de la nature. Quand elle monte sur scène, l’athlète aux attaches célestes met la barre très haut. Son interprétation porte la marque d’une artiste de génie.

Sur une note d’espoir, Nadia danse l’Afrique ; bande-son réglée au métronome, mélopées psalmodiées sur les pulsions du tambour, et plus rien d’autre que la danse comme exutoire. Nadia Beugré danse nos villages au clair de lune : lovée sur son monde intérieur, l’artiste égrène nos souffrances et nos espoirs. Un solo majeur emprunt de maturité, qui réconcilie le profane et le sacré.

Charles Camara

« J’accuse » Kaolack Dance (Sénégal)

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Rastas perlés de sueur, Kaolack bondit de fureur, tourne en rond et vitupère. Le lion est sorti de sa cage. Il rugit sa colère, le sol tremble sous les grondements du tonnerre.

Papa Ibrahima Ndiaye boxe dans la catégorie des grands. Il a le talent pour lui, en plus du cran à revendre. Plus qu’un solo, « Kaolack » est un cocktail délirant, libre de toute censure, où le discours complète la danse pour faire le procès du racisme et de la stupidité. Il n y a pas l’ombre d’un doute, Pape Ibrahima Ndiaye, la révélation des Rencontres Chorégraphiques 2009 venu de l’école des sables, est promis à une grande carrière.

Charles Camara

La troisième soirée - mercredi 10 juin

Saveur d’orient Compagnie Fleur d’Orange (Maroc)

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Saveur d’Orient, Fleur d’Orange a un parfum d’Occident. Pour Ind B., blonde et beur, le bonheur est dans le métissage. Rythmes du Maghreb et ambiances urbaines, voix-off et voix sur scène, le solo de la Cie Fleur d’Orange joue avec les contrastes.


Seule contre tous, seule au milieu de la foule, Ind danse. Farandole de funambule sur une ceinture de perles, rêves d’ici et d’ailleurs, qui se déroulent à l’infini.

Charles Camara

Le choix du destin Jalloré (Sénégal)

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Ablaye Fall remonte son ouvrage. Peaufiné, dépouillé de tout artifice, le jeu du danseur Baye Fall gagne en amplitude. « Le Choix du destin » marque l’envol d’un jeune talent au style personnel qui se fraie patiemment mais irrémédiablement sa voie.


Sur le thème de la quête de soi, la Cie Jalloré construit une fable chorégraphiée qui raconte le rêve d’Europe des jeunes africains. Mille lueurs d’espoirs dans la tempête, englouties dans l’océan, qu’importe ? Mille autres reprennent le flambeau. Ablaye Baye Fall éclaire notre compréhension du drame de l’immigration, l’ultime recours pour ceux qui sont en mal de destin.

Charles Camara

jeudi 11 juin 2009

La deuxième soirée - Mardi 9 juin

« Pénombre » Cie ZONZOMA (Congo)

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Prince Dethmer Nzaba a la danse dans le sang. Chez les Nzaba, on est danseur de père en fils. Avec « Pénombre », le congolais a franchi l’étape du novice. Son solo est une démonstration de force.
Entre ombres et lumières, une création originale qui allie tradition et innovation, sobriété et grand art. Quand le prince danse, le temps et l’espace s’effacent. « Pénombre » est une composition érudite, duo du corps avec son ombre, duel de l’esprit avec la chair. Un chef d’œuvre d’interprétation, à voir et à revoir.
Charles Camara

« Ying et Yang » Merlin Yakam (France, Cameroun, Sénégal)

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Epoustouflant Merlin Yakam ! De main de maître, le chorégraphe-étoile, invité de marque de cette édition Duo Solo aura donné la pleine mesure de son génie, avec Ying et Yang, le titre de l’ opus créé en résidence , sous sa direction. Un spectacle haut en couleurs, né de la rencontre de deux jeunes talents saint-louisiens avec un orfèvre de l’écriture qui ajoute à son expérience le don de se mettre à l’écoute des autres. Bienheureux Kaw Seydou et Ramatoulaye Sarr, dont Merlin l’enchanteur, l’espace d’une résidence improvisée, fait des dieux de la scène !Inspiré de notre vécu quotidien, « Ying et Yang » décrit la relation conflictuelle de soi avec l’autre, de l’homme avec la femme, de l’espace avec le temps, une œuvre puissante qui puise dans le génie local, en restant ouverte sur l’universel.

En la soumettant à une vaste exploration du champ de l’imaginaire, Merlin Yakam redonne à la danse saint-louisienne ses lettres de noblesse. Costumes et accessoires, la mode est à la jubilation des sens par l’usage qu’on en fait, le maître mot étant de sortir des sentiers battus. Résultat : Merlin le magicien transforme en or tout ce qu’il touche de sa baguette magique : papier à bulles, torche, bande-son, le local s’intègre harmonieusement au dialogue dansé de Seydou et Ramatoulaye. « Ying et Yang », ou quand Saint-Louis s’invite à la cour des grands.
Charles Camara